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Autisme

Qu’est-ce que l’autisme ?

L’autisme est un considéré comme une pathologie neuro-développementale : il s’agit d’un trouble du développement de l’enfant d’origine neurobiologique.

L’autisme est un trouble précoce du développement de l’enfant  : les symptômes apparaissent durant la période de développement précoce de l’enfant, avant 3 ans.

L’autisme se caractérise principalement par un trouble sévère de l’interaction sociale. On observe chez l’enfant un déficit persistant dans la communication et les interactions sociales et généralement un mode restreint et répétitifs de comportements, d’intérêts ou d’activités.

Les manifestations de l’autisme sont très variables d’un enfant à l’autre et chez un même enfant dans le temps. Il existe autant « d’autismes » que de personnes atteintes ; A chacun son autisme pourrait-on dire. Par exemple, certains enfants autistes ne présentent pas de trouble de la parole et d’autres oui.

En effet, la particularité de cette pathologie c’est qu’elle ne consiste pas en un trouble en particulier, mais en un ensemble de dysfonctionnements ayant rapport avec les interactions sociales, l’empathie, la communication et la flexibilité comportementale.

Les cliniciens ont donc tenté de définir 4 différents types de troubles du spectre de l’autisme :

  • le trouble autistique (ou autisme)
  • le syndrome d’Asperger
  • le trouble désintégratif de l’enfance
  • le Trouble Envahissant du Développement ou TED

La variabilité des symptômes autant dans leur type que dans leur sévérité engendre parfois une difficulté à poser un diagnostic précis d’autisme. On posera donc plutôt un diagnostic de Troubles du Spectre Autistique (TSA). Par ailleurs, les symptômes de l’autisme peuvent se confondre avec ceux d’autres pathologies telles que le retard global de développement, le retard mental ou la psychose infantile.

Quels sont les signes de l’autisme ?

Signes de difficultés sociales chez l’enfant autiste :

L’enfant autiste présente des déficits de réciprocité socio-émotionnelle et donc de développement, de maintien et de compréhension des relations. Il peut sembler vivre dans son propre monde, distant et détaché des autres. Il pourrait ainsi :

  • Apparaître désintéressé par les autres ou par ce qui se passe autour de lui
  • Ne pas savoir comment entrer en relation avec les autres et échanger : il peut avoir du mal à jouer avec les autres ou se faire des amis
  • Préférer rester seul et ne pas participer à des jeux de groupes
  • Préférer ne pas être touché, tenu ou câliné
  • Ne pas être capable de faire des jeux de "faire semblant" (comme jouer aux Playmobils ou à la poupée), imiter les autres ou utiliser des jouets de façon créative
  • Avoir du mal à comprendre ou parler de ses sentiments
  • Ne pas sembler entendre lorsque d’autres parlent de lui
  • Ne pas partager des intérêts ou ses réussites avec d’autres, comme montrer ses dessins ou ses jouets

Signes de difficultés de communication non verbale chez l’enfant autiste :

L’enfant autiste peut présenter des déficits dans les comportements de communication non verbaux utilisés pour l’interaction sociale car il a du mal à les décoder, ce qui peut rendre les relations sociales très difficiles. L’enfant pourrait :

  • Éviter le contact visuel
  • Utiliser certaines expressions faciales qui ne correspondent pas à ce qu’il dit
  • Ne pas comprendre les expressions faciales, le ton de la voix et les gestes des gens

Signes de rigidité chez l’enfant autiste :

L’enfant autiste est parfois limité, rigide voire obsessionnel dans ses comportements, ses activités et ses intérêts. On observe parfois :

La répétition de mouvements :
  • Répéter les mêmes actions ou mouvements, encore et encore : par exemple battre des mains, se balancer
  • Avoir une posture anormale, maladroite, où marcher d’une façon excentrique comme marcher exclusivement sur la pointe des pieds
  • Aligner ou classer les objets de façon obsessionnelle, passer de longues périodes de temps à organiser ses jouets de manière spécifique
L’adhésion à des rituels et habitudes :
  • Suivre une routine rigide : par exemple insister sur la prise d’un itinéraire spécifique à l’école, manger la même chose tous les jours
  • Avoir de la difficulté à s’adapter à des changements d’horaire ou d’environnement : par exemple montrer une détresse extrême si le mobilier est déplacé ou s’il se couche à une heure différente qu’à l’habitude
Des intérêts bizarres, intenses et restreints :
  • Être obnubilé par les chiffres ou les symboles : par exemple il peut aimer mémoriser certaines cartes, les horaires de ferry ou les statistiques sportives
  • S’attacher fortement à des objets inhabituels
Une hyper ou une hypo réactivité aux aspects sensoriels de l’environnement :
  • Réagir négativement à des sons, ou des textures spécifiques
  • Etre hypersensible aux bruits forts
  • Sentir ou toucher des objets excessivement
  • Sembler indifférent à la douleur ou la température
  • Etre fasciné par des lumières ou le mouvement : il peut passer de longues périodes de temps à regarder un ventilateur de plafond en marche, faire tourner les roues d’une voiture, aimer allumer et éteindre les interrupteurs

Signes de difficultés de parole et de langage chez l’enfant autiste :

Les enfants sur le spectre de l’autisme peuvent avoir de la difficulté avec la parole et du langage. L’enfant pourrait :

  • Parler plus tardivement que l’âge normal
  • Parler avec une intonation de voix particulière : parler avec a un accent ou une voix monocorde, ou terminer chaque phrase comme s’il posait une question
  • Répéter les mêmes mots ou des phrases encore et encore (écholalie)
  • Répondre à une question en répétant, plutôt que d’y répondre
  • Faire référence à lui-même à la troisième personne, ne pas utiliser le « je »
  • Utiliser le langage de manière incorrecte : avec des erreurs de grammaire ou de sens (utilise le mauvais mot)
  • Avoir de la difficulté à communiquer ses besoins ou ses désirs
  • Ne pas comprendre des indications ou des questions simples
  • Prendre ce qui est dit trop à la lettre car il manque de nuances : il a du mal à comprendre l’humour, l’ironie ou le sarcasme

Comment diagnostiquer l’autisme ?

Commençons par comprendre comment marche le cerveau...

A chaque instant, notre cerveau effectue un ensemble complexe d’opérations ayant pour but de rassembler et traiter les informations qui lui parviennent. Pour cela, il utilise des outils appelés « fonctions cognitives ». Les fonctions cognitives peuvent se définir comme l’ensemble des activités cérébrales menant au savoir (la cognition). Elles incluent tous les types de mécanismes d’acquisition de l’information à savoir :

  • Les fonctions non-focalisées sur l’émotion : le raisonnement, l’attention, la mémoire, le langage, la motricité, la planification, et d’autres encore
  • Les fonctions focalisées sur l’émotion : les fonctions dites affectives et sociales

C’est grâce à l’efficacité de l’ensemble de nos fonctions cognitives que nous pouvons être au monde et apprendre. Lorsqu’un enfant a du mal à apprendre ou être au monde, c’est que l’une ou plusieurs de ses fonctions cognitives sont défaillantes ou du moins qu’il a du mal à les utiliser.

La complexité du cerveau et de son fonctionnement oblige à explorer les différents domaines qui peuvent avoir une influence sur le rapport au monde et les apprentissages. Par exemple, les enfants autistes présentent souvent une variabilité de troubles à évaluer comme par exemple des troubles affectifs, sociaux, attentionnels, linguistiques ou moteur.

Une évaluation complète du fonctionnement psychique

L’évaluation après 6 ans

A partir de l’âge de 6 ans, en cas de suspicion de trouble du spectre autistique, l’enfant doit faire l’objet d’une évaluation psychologique et neuropsychologique complète. L’évaluation complète permet d’évaluer et de mettre en rapport son développement cognitif et son développement psychoaffectif.

*L’évaluation neuropsychologique examine le développement cognitif. Elle analyse l’ensemble des fonctions cognitives (cérébrales). Elle permet donc d’identifier l’existence ou non de dysfonctionnements d’une ou plusieurs des fonctions cérébrales, à l’origine des symptômes présentés par l’enfant :

  • l’attention : sélective, soutenue, partagée / visuelle, auditive, audio verbale
  • l’exécution : planification, flexibilité, mémoire de travail, vitesse de traitement des informations, etc.
  • le langage : expression et compréhension
  • la mémoire : visuelle, verbale, visuospatiale, etc.
  • Les aptitudes intellectuelles : raisonnement verbal, perceptif, cristallisé, fluide
  • les habiletés affectives et sociales : perception et compréhension
  • les habiletés visuospatiales
  • la motricité fine

*L’évaluation psychologique examine le développement émotionnel (ou psychoaffectif). Elle permet d’identifier les particularités de la personnalité de l’enfant. Elle permet donc d’identifier l’existence de troubles au travers de l’évaluation des éléments suivants :

  • Le niveau de structuration de sa personnalité
  • Son niveau d’adaptation à la réalité
  • Son niveau d’adaptation affective
  • Son niveau d’adaptation sociale
  • Ses problématiques particulières
  • Son état émotionnel
L’évaluation avant 6 ans

Avant 6 ans, en cas de suspicion de trouble autistique, l’enfant peut faire l’objet d’une évaluation développementale. Il s’agit d’une évaluation du niveau de développement de l’enfant par rapport aux autres enfants du même âge dans les domaines suivants :

  • La motricité : fine et globale
  • Le langage : expression et compréhension
  • Les aptitudes intellectuelles : raisonnement verbal, perceptif, cristallisé, fluide
  • Les compétences en vie quotidienne
  • Les compétences sociales
  • L’autonomie

L’évaluation développementale permet d’identifier les domaines déficitaires, de poser des hypothèses diagnostiques, d’orienter et de commencer la prise en charge thérapeutique, et mettre en place des stratégies psychopédagogiques à l’école comme à la maison.

L’enfant de moins de 6 ans est dans une période phénoménale de développement neuronal et de construction psychoaffective. Les hypothèses diagnostiques posées par l’évaluation développementale seront confirmables vers 6 ans, lorsque l’ensemble des fonctions cérébrales ne seront plus en phase de développement majeur.

Comme les fonctions cérébrales sont en phase de développement, on ne peut pas attendre d’un enfant de 3 ans que ses fonctions attentionnelles soient complètement développées et qu’il fasse preuve de concentration. On ne pourra donc pas évaluer cette fonction cognitive. Certains fonctions cognitives ne sont pas évaluables avant 6 ans.

Ainsi un bilan psychologique et neuropsychologique complet, à l’âge de 6 ans, permettra de confirmer le diagnostic et d’évaluer en profondeur l’ensemble des fonctions cognitives. En attendant, des interventions pourront être mises en place afin d’aider l’enfant à se développer au mieux.

Quels sont les objectifs de l’évaluation ?

L’évaluation permet de répondre à plusieurs questionnements.

Qu’elles sont les difficultés réelles de mon enfant ?

L’examen permet préciser les troubles et de poser un diagnostic ou une hypothèse diagnostique, permettant de :

  • Comprendre la nature des difficultés rencontrées par l’enfant : présente-t-il des dysfonctionnements cognitifs et/ou psychoaffectifs ?
  • Mesurer l’intensité des dysfonctionnements et des compétences
  • Estimer les conséquences des difficultés / troubles sur le fonctionnement et l’autonomie de l’enfant : les difficultés impactent-elles l’apprentissage, la relation à l’autre, sa gestion des émotions ? Si oui à quel point et de quelle manière ?
  • Estimer les ressources de l’enfant sur lesquelles s’appuyer pour l’aider à se développer

Comment traiter ces difficultés ?

L’examen permet de poser les orientations nécessaires pour maximiser les apprentissages et le bien-être de l’enfant. L’objectif est de l’aider à s’épanouir sur les plans scolaire, relationnel et émotionnel. L’examen permet en effet :

  • Aux parents de mieux comprendre leur enfant, de respecter ses limites et de mieux l’accompagner
  • D’outiller les parents afin qu’ils puissent faire valoir les besoins de leur enfant et obtenir l’aide des services requis
  • D’élaborer une prise en charge thérapeutique efficace, adaptée aux difficultés de l’enfant (intervention en neuropsychologie, psychothérapie, psychomotricité, orthophonie, etc.)
  • D’élaborer une prise en charge scolaire efficace, adaptée aux difficultés de votre enfant (aménagements pédagogiques spécifiques, projets d’accompagnement, partenariat avec l’enseignant, etc.)
  • De donner à l’enfant des mots pour donner du sens aux difficultés auxquelles il fait face. En comprenant mieux ce qui le fait souffrir votre enfant peut se sentir soulagé. Par exemple, il savait qu’il n’arrivait pas à apprendre ou apprenait différemment mais ne savait pas pourquoi et se sentait "nul". Il peut à présent mieux appréhender ses difficultés. Il s’agit d’un processus de compréhension, puis d’acceptation et enfin d’action. La dernière étape est en effet de l’aider à se sentir capable de dépasser de façon relative ses difficultés pour investir les prises en charge qui lui sont proposées. En effet, la motivation est un facteur primordial dans la réussite des prises en charge.