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Trouble de l’attention

Qu’est-ce que le trouble de l’attention / TDA / TDAH ?

Le trouble de l’attention, comme son nom l’indique, se caractérise principalement par des difficultés de concentration, qui peuvent s’accompagner ou non d’hyperactivité ou d’impulsivité.

Le trouble de l’attention est un trouble :

  • précoce : il apparaît avant l’âge de 6 ans
  • chronique ou persistant  : il doit exister depuis au moins 6 mois
  • permanent : il existe dans plusieurs circonstances différentes, par exemple à la maison et à l’école

Le trouble de l’attention (TDA) avec ou sans hyperactivité (TDAH) est un trouble qui diminue avec l’âge. Cependant, plusieurs pensent que les symptômes de l’hyperactivité disparaissent vers l’âge de l’adolescence. En réalité, de nombreuses études ont démontré qu’il est vraiment rare que les symptômes cessent d’exister complètement. Il est vrai qu’il arrive souvent qu’ils soient moins nombreux et même moins graves, mais, dans près de 80% des cas, les jeunes TDAH présentent encore suffisamment de symptômes à l’adolescence pour satisfaire aux critères du diagnostic. À l’âge adulte, le pourcentage se situe plutôt entre 50% et 65%, ce qui implique qu’il ne faut pas croire trop rapidement que les problèmes s’effaceront avec les années.

Le fait que les symptômes aient plutôt tendance à persister avec les années n’empêche en rien que leur manifestation change de forme. Par exemple, l’agitation motrice perdra parfois de sa vivacité et il en est de même pour tous les symptômes. Seulement, bien que les symptômes semblent s’atténuer avec le temps, les exigences sociales, elles, augmentent avec l’âge. Cette réalité empêche malheureusement les hyperactifs de rattraper le niveau de leurs collègues ou camarades. Prenons l’exemple de l’obtention du permis de conduire. Il est admissible seulement pour les jeunes de seize ans, parce qu’ils sont supposés, à cet âge, avoir atteint un niveau de concentration suffisant pour conduire de manière sécuritaire. Toutefois, un hyperactif du même âge n’aura en général pas atteint un contrôle assez grand de sa concentration pour conduire prudemment.

Le trouble de l’attention est complexe à diagnostiquer. Les cliniciens s’accordent sur la nécessité d’une lecture globale des symptômes présentés par l’enfant car le trouble de l’attention peut être soit :

  • un trouble primaire, c’est-à-dire qu’il s’agit d’un trouble neurodéveloppemental
  • un trouble secondaire, c’est-à-dire qu’il peut être le symptôme :
    • d’un trouble affectif : l’enfant est anxieux ou déprimé. L’inattention et/ou l’hyperactivité sont réactionnels à l’environnement, à un conflit de l’enfant par rapport à l’environnement.
    • d’un trouble associé à une pathologie. Par exemple les enfants autistes et psychotiques présentent des troubles de l’attention liés à leur pathologie propre. Le trouble de l’attention est alors le symptôme d’une pathologie et non pas un syndrome en lui-même.

Cas d’école pour mieux comprendre la complexité du trouble de l’attention

Prenons l’exemple d’un enfant présentant un symptôme de déficit attentionnel : il n’arrive pas à se concentrer en classe, à faire ses exercices et est en échec scolaire. Il se sent « nul », présente une réaction d’abattement face à toute tâche scolaire, n’arrive pas à se motiver pour faire des efforts d’apprentissage et désinvestit la scolarité. Le traitement médicamenteux et/ou la rééducation neuropsychologique des troubles attentionnels restent peu efficaces. Les parents décident donc d’effectuer un examen psychologique et neuropsychologique complet.

Les résultats à l’examen soulignent des compétences attentionnelles normales mais un trouble anxieux. Les parents et l’enfant comprennent alors l’origine psychologique et non pas neuropsychologique du symptôme : l’enfant est capable neurologiquement parlant de se concentrer mais empêché par des blocages psychologiques. 
Au début chacun s’est concentré sur le symptôme mais pas la cause dudit symptôme. C’est comme si l’on voulait soigner un symptôme de fièvre d’origine infectieuse par un analgésique. La cause infectieuse n’étant pas traitée, le symptôme perdure voire s’aggrave. 


Déterminer l’origine du symptôme attentionnel permet de mettre en place une prise en charge adaptée. Dans ce cas-ci on le trouble de l’attention est un trouble secondaire, symptôme d’un trouble affectif. On pourrait alors penser l’utilité d’une psychothérapie d’enfant avec guidance parentale ainsi que des aménagements psychopédagogiques scolaires basés sur la mise en place d’un milieu d’enseignement rassurant.
Dans d’autres cas, lorsque le trouble de l’attention est un trouble primaire, le traitement proposé s’orienterait plutôt vers une rééducation neuropsychologique associée à des aménagements psychopédagogiques. L’intensité du symptôme détermine la nécessité ou non d’une médication. Mais la prise en compte des effets secondaires associés à cette médication doit être prise en compte.

Quels sont les signes du trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité ?

Signes de manque de concentration chez l’enfant TDA / TDAH :

Par rapport aux enfants de même âge, l’enfant TDA/H ne parvient pas à soutenir son attention, quelle que soit l’activité. On a souvent l’impression qu’il ne reçoit pas les messages. Il présente des difficultés à :

  • Investir durablement une activité. Il va d’ailleurs éviter ou fuir toute activité demandant de l’attention. Il est même facilement distrait dans ses jeux.
  • Achever les activités entreprises surtout si elles requièrent une attention soutenue : il ne finit pas ses devoirs ni aucune activité malgré sa bonne volonté
  • Faire attention aux détails : il fait souvent des fautes d’étourderie
  • Ecouter quand on lui parle : il semble distrait
  • Arriver au bout d’un raisonnement logique
  • Se conformer aux directives orales : il n’obéit pas aux demandes des parents ou de l’enseignant
  • Se conformer aux directives écrites : il ne respecte pas les consignes de ses exercices scolaires
  • Organiser son travail et ses activités, suivre les étapes de réalisation d’une tâche
  • Ne pas oublier les choses : il perd souvent les objets qui lui sont nécessaires à sa vie quotidienne et scolaire

Signes d’agitation chez l’enfant TDAH :

L’enfant TDAH semble agité, hyperactif sur les plans mental et moteur. Il peut donc avoir des difficultés à :

  • Ne pas bavarder de façon incessante
  • Investir le langage, expliquer ce qu’il pense de façon élaborée, car il est plus dans l’agir
  • Se tenir tranquille : il a du mal à rester assis ou immobile, il remue sans cesse les mains et les pieds, se tortille sur sa chaise en classe ou ailleurs
  • Ne pas être excessivement agité : il agit comme s’il était « monté sur ressorts », il court et grimpe partout sans aucune retenue
  • Respecter l’espace d’autrui qu’il envahit
  • Avoir une activité productive : il agit parfois de façon désordonnée, inappropriée, sans but précis

Cette hyperactivité est particulièrement manifeste durant les tâches demandant une certaine concentration (en classe par exemple) alors que, en récréation, l’enfant TDA/H ne peut guère être distingué de ses camarades.
Par contre, on peut le sentir volontiers bagarreur, envahissant, chahuteur. Il est parfois impopulaire et rejeté par ses camarades, excédés par ses incartades, incapable qu’il est de respecter les règles.

Signes d’impulsivité verbale et motrice chez l’enfant TDAH :

L’enfant TDAH peut souffrir d’un besoin impérieux d’accomplir un acte, de parler, sans possibilité de différer son désir. Il a du mal à faire montre de patience. Il peut donc :

  • Avoir du mal à attendre dans une file, à attendre son tour dans un jeu ou dans toute autre situation sociale
  • Laisser échapper une réponse : il répond à la question avant qu’elle ne soit complètement posée, ou répond sans lever le doigt en classe
  • Interrompre les autres, intervenir dans leur discussion et imposer sa présence
  • Parler trop sans tenir compte des conventions sociales
  • Ne pas respecter le cadre : il a du mal à obéir aux demandes ou aux consignes

L’hyperactivité et l’impulsivité font que cet enfant, qui ne réfléchit pas avant d’agir, qui a du mal à organiser et anticiper ses actions, prend des risques et se met dans des situations dangereuses. D’où la fréquence des accidents à l’école ou encore des accidents domestiques. Une surveillance importante est nécessaire. Son comportement est tel qu’il oblige parfois sa famille à restreindre les sorties avec lui par crainte qu’il ne se mette en danger ou qu’il ne dérange les autres. Il est souvent perçu comme un enfant imprévisible, perturbateur, malpoli, bruyant ou indiscipliné.

Comment diagnostiquer le trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité ?

Commençons par comprendre comment marche le cerveau...

A chaque instant, notre cerveau effectue un ensemble complexe d’opérations ayant pour but de rassembler et traiter les informations qui lui parviennent. Pour cela, il utilise des outils appelés « fonctions cognitives ». Les fonctions cognitives peuvent se définir comme l’ensemble des activités cérébrales menant au savoir (la cognition). Elles incluent tous les types de mécanismes d’acquisition de l’information à savoir :

  • Les fonctions non-focalisées sur l’émotion : le raisonnement, l’attention, la mémoire, le langage, la motricité, la planification, et d’autres encore
  • Les fonctions focalisées sur l’émotion : les fonctions dites affectives et sociales

C’est grâce à l’efficacité de l’ensemble de nos fonctions cognitives que nous pouvons être au monde et apprendre. Lorsqu’un enfant a du mal à apprendre ou être au monde, c’est que l’une ou plusieurs de ses fonctions cognitives sont défaillantes ou du moins qu’il a du mal à les utiliser.

La complexité du cerveau et de son fonctionnement oblige à explorer les différents domaines qui peuvent avoir une influence sur le rapport au monde et les apprentissages. Par exemple, les enfants TDAH présentent souvent une variabilité de troubles à évaluer comme par exemple des troubles affectifs, sociaux, attentionnels, exécutifs.

Une évaluation complète du fonctionnement psychique

L’évaluation après 6 ans

A partir de l’âge de 6 ans, en cas de suspicion de trouble de l’attention, l’enfant doit faire l’objet d’une évaluation psychologique et neuropsychologique complète. L’évaluation complète permet d’évaluer et de mettre en rapport son développement cognitif et son développement psychoaffectif.

* L’évaluation neuropsychologique examine le développement cognitif. Elle analyse l’ensemble des fonctions cognitives (cérébrales). Elle permet donc d’identifier l’existence ou non de dysfonctionnements d’une ou plusieurs des fonctions cérébrales, à l’origine des symptômes présentés par l’enfant :

  • Fonctions attentionnelles : sélective, soutenue, partagée, etc.
  • Fonctions exécutives : planification, flexibilité, mémoire de travail, vitesse de traitement des informations, etc.
  • Fonctions langagières : langage oral réceptif, expressif, etc.
  • Fonctions mnésiques : mémoire à court terme, à long terme, etc.
  • Cognition sociale : identification des émotions, compréhension du point de vue et du ressenti d’autrui, etc.
  • Fonctions visuospatiales : traitement visuoperceptif, visuospatial, visuoconstructeur, etc.
  • Fonctions sensorimotrices : motricité manuelle, oculaire, orobuccale
  • Raisonnement : conceptuel, logique, etc.
  • Apprentissages : langage écrit, calcul et numération, etc.

* L’évaluation psychologique examine le développement psychoaffectif. Elle permet d’identifier les particularités de la personnalité de l’enfant. Elle permet donc d’identifier l’existence de troubles au travers de l’évaluation des éléments suivants :

  • Le niveau de structuration de sa personnalité
  • Son niveau d’adaptation à la réalité
  • Son niveau d’adaptation affective
  • Son niveau d’adaptation sociale
  • Ses problématiques particulières
  • Son état émotionnel manifeste
  • Son adaptation comportementale
L’évaluation avant 6 ans

Avant 6 ans, en cas de suspicion de trouble de l’attention, l’enfant peut faire l’objet d’une évaluation développementale. Il s’agit d’une évaluation du niveau de développement de l’enfant par rapport aux autres enfants du même âge dans les domaines suivants :

  • Les compétences sociales
  • Les compétences en vie quotidienne
  • L’autonomie
  • La motricité : fine et globale
  • Le langage : expression et compréhension
  • Les aptitudes intellectuelles

L’évaluation développementale permet d’identifier les domaines déficitaires, de poser des hypothèses diagnostiques, d’orienter et de commencer la prise en charge thérapeutique, et mettre en place des stratégies psychopédagogiques à l’école comme à la maison.

L’enfant de moins de 6 ans est dans une période phénoménale de développement neuronal et de construction psychoaffective. Les hypothèses diagnostiques posées par l’évaluation développementale seront confirmables vers 6 ans, lorsque l’ensemble des fonctions cérébrales ne seront plus en phase de développement majeur.

Comme les fonctions cérébrales sont en phase de développement, on ne peut pas attendre d’un enfant de 3 ans que ses fonctions attentionnelles soient complètement développées et qu’il fasse preuve de concentration. On ne pourra donc pas évaluer cette fonction cognitive. Certains fonctions cognitives ne sont pas évaluables avant 6 ans.

Ainsi un bilan psychologique et neuropsychologique complet, à l’âge de 6 ans, permettra de confirmer le diagnostic et d’évaluer en profondeur l’ensemble des fonctions cognitives. En attendant, des interventions pourront être mises en place afin d’aider l’enfant à se développer au mieux.

Quels sont les objectifs de l’évaluation ?

L’évaluation permet de répondre à plusieurs questionnements.

Qu’elles sont les difficultés réelles de mon enfant ?

L’examen permet préciser les troubles et de poser un diagnostic ou une hypothèse diagnostique, permettant de :

  • Comprendre la nature des difficultés rencontrées par l’enfant : présente-t-il des dysfonctionnements cognitifs et/ou psychoaffectifs ?
  • Mesurer l’intensité des dysfonctionnements et des compétences
  • Estimer les conséquences des difficultés / troubles sur le fonctionnement et l’autonomie de l’enfant : les difficultés impactent-elles l’apprentissage, la relation à l’autre, sa gestion des émotions ? Si oui à quel point et de quelle manière ?
  • Estimer les ressources de l’enfant sur lesquelles s’appuyer pour l’aider à se développer

Comment traiter ces difficultés ?

L’examen permet de poser les orientations nécessaires pour maximiser les apprentissages et le bien-être de l’enfant. L’objectif est de l’aider à s’épanouir sur les plans scolaire, relationnel et émotionnel. L’examen permet en effet :

  • Aux parents de mieux comprendre leur enfant, de respecter ses limites et de mieux l’accompagner
  • D’outiller les parents afin qu’ils puissent faire valoir les besoins de leur enfant et obtenir l’aide des services requis
  • D’élaborer une prise en charge thérapeutique efficace, adaptée aux difficultés de l’enfant (intervention en neuropsychologie, psychothérapie, psychomotricité, orthophonie, etc.)
  • D’élaborer une prise en charge scolaire efficace, adaptée aux difficultés de votre enfant (aménagements pédagogiques spécifiques, projets d’accompagnement, partenariat avec l’enseignant, etc.)
  • De donner à l’enfant des mots pour donner du sens aux difficultés auxquelles il fait face. En comprenant mieux ce qui le fait souffrir votre enfant peut se sentir soulagé. Par exemple, il savait qu’il n’arrivait pas à apprendre ou apprenait différemment mais ne savait pas pourquoi et se sentait "nul". Il peut à présent mieux appréhender ses difficultés. Il s’agit d’un processus de compréhension, puis d’acceptation et enfin d’action. La dernière étape est en effet de l’aider à se sentir capable de dépasser de façon relative ses difficultés pour investir les prises en charge qui lui sont proposées. En effet, la motivation est un facteur primordial dans la réussite des prises en charge.