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Trouble de l’apprentissage

Qu’est-ce qu’un trouble de l’apprentissage ?

Un trouble de l’apprentissage est un dysfonctionnement dans le processus d’acquisition des connaissances. C’est un trouble d’origine neurologique qui correspond à une atteinte d’une ou plusieurs fonctions cognitives.

Le trouble de l’apprentissage peut être spécifique à la fonction cognitive atteinte. Ce sont les troubles dits "instrumentaux" c’est-à-dire liés aux instruments ou outils cognitifs dont nous nous avons besoin pour acquérir les connaissances. Il existe donc divers :

  • troubles du raisonnement
  • troubles de la mémoire
  • troubles de l’attention
  • troubles du langage
  • troubles moteurs
  • troubles visuospatiaux
  • troubles dysexécutifs

Le trouble de l’apprentissage peut être en rapport avec des compétences spécifiques, les savoir-faire appris comme la lecture, l’orthographe. Ce sont les troubles dit "dys" :

  • dyslexie : trouble d’acquisition de la lecture
  • dyscalculie : trouble d’acquisition de l’arithmétique
  • dysorthographie : trouble d’acquisition de l’orthographe
  • dysgraphie : trouble d’acquisition de l’écriture
  • dysphasie : trouble de l’acquisition du langage
  • dyspraxie : trouble d’acquisition de la coordination motrice

Quelles sont les causes du trouble d’apprentissage ?

L’origine des dysfonctionnements cérébraux peut être neurodéveloppementale. Cela implique que l’origine du trouble est neurologique et que les effets apparaissent durant le processus de maturation cérébral, le développement du cerveau de l’enfant. Les troubles d’apprentissage peuvent donc découler de troubles neurodéveloppementaux comme par exemple l’autisme. En effet, l’enfant autiste présente souvent des troubles de l’attention, de l’exécution, ou du langage, de la motricité et des traitements visuospatiaux.

L’altération des fonctions cérébrales peut être aussi acquise : traumatismes cérébraux, exposition aux toxines, etc.

Certaines formes de dysfonctionnement peuvent également être engendrées par des difficultés affectives. Par exemple le trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité est souvent un symptôme d’anxiété.

Ainsi, les troubles de l’apprentissage peuvent être liés à :

  • Un trouble affectif majeur : trouble anxieux ou dépression avec ou sans conséquence neurologique, engendrant un manque de disponibilité aux apprentissages
  • Une difficulté neurodéveloppementale particulière : difficulté de développement optimal d’une ou plusieurs fonctions cognitives. Par exemple, le multilinguisme, en raison de la surcharge cognitive associée à l’apprentissage de plusieurs langues, peut parfois être la cause de difficultés de développement des fonctions linguistiques dans une ou plusieurs langues, et s’associer à des difficultés à penser ou mémoriser les informations dans la ou les langues touchées.
  • Une pathologie neurologique ou neurodéveloppementale : infirmité motrice cérébrale, trouble déficitaire de l’attention, retard mental, trouble de l’apprentissage spécifique (dyslexie, ….), syndrome de Down ou Trisomie 21, trouble du spectre autistique comme le syndrome d’Asperger, épilepsie, trouble génétique, trouble du développement cérébral, etc.
  • Une lésion cérébrale suite à traumatisme crânien, une commotion cérébrale, un accident vasculaire cérébral, une pathologie neuro-dégénérative, une infection encéphalite ou méningite, un hydrocéphale, une tumeur cérébrale, etc.
  • Une exposition aux toxines : mercure, plomb, traitement du cancer avec radiation ou chimiothérapie, exposition à l’alcool in utero, toxicomanie, exposition prolongée aux produits chimiques (habitat à proximité d’un champ par exemple)

Quels sont les signes de difficultés / troubles d’apprentissage ?

Difficulté ou Trouble d’apprentissage ?

Il est tout d’abord important d’évaluer si l’enfant présente une difficulté d’apprentissage ou un trouble de l’apprentissage.
La première peut être dépassée par des remédiations de type soutien scolaire ou psychothérapie. La seconde requiert une évaluation psychologique et neuropsychologique complète permettant d’orienter la prise en charge en psychomotricité, orthophonie, rééducation neuropsychologique, psychothérapie, etc.

Les signes de difficultés d’apprentissage

Plusieurs éléments doivent alerter quant à l’existence de difficultés à apprendre. L’enfant peut présenter des difficultés si l’on observe une lenteur ou une pénibilité dans la réalisation des tâches suivantes :

  • lire
  • comprendre ce qu’on lui dit ou ce qui est écrit comme un texte ou une consigne
  • s’exprimer à l’oral, trouver les mots pour dire ce qu’il pense
  • écrire ou dessiner de façon rapide et élaborée
  • tenir et manipuler les objets de petite taille comme les ciseaux, la règle, les crayons, les couverts
  • se repérer dans les locaux de l’école
  • se repérer dans le temps, lire l’heure, comprendre ce que veut dire hier ou demain
  • intégrer son corps : ne pas se cogner, tomber, faire tomber son verre, ne pas être maladroit dans les jeux sportifs de la récréation ou dans les activités extra-scolaires
  • se concentrer sur ce qu’on lui dit ou lui montre : regarder ou écouter avec attention, être "là" quand on lui parle, ne pas sauter de ligne pendant la lecture
  • planifier ce qu’il faut faire pour réaliser une tâche ou un exercice
  • organiser les écrits dans son cahier de texte, organiser son cartable et ses classeurs
  • retenir une poésie, une leçon, des évènements
  • compter spontanément sur ses doigts

On observe ainsi chez les enfants présentant des difficultés d’apprentissage :

  • une fatigabilité importante
  • une lenteur d’apprentissage dans certains domaines
  • une lenteur d’exécution des exercices
  • des refus d’aller à l’école, d’écrire ou de dessiner
  • le moment des devoirs peut devenir difficile car générateur de tensions parent-enfant
  • une baisse de la confiance en soi, une anxiété

Les signes de troubles de l’apprentissage

Les enfants susceptibles de présenter un trouble de l’apprentissage (ou trouble cognitif) sont ceux qui souffrent d’une difficulté d’apprentissage persistante et permanente. Votre enfant est susceptible de présenter des difficultés d’apprentissage persistantes et permanentes si l’un des éléments suivants s’applique à son cas :

  • Chaque année le nouvel enseignant vous alerte quant aux difficultés rencontrées par votre enfant dans l’apprentissage de certaines notions.
  • Votre enfant a du mal à apprendre quel que soit l’environnement (à l’école ou à la maison).
  • Les interventions de l’école comme un PAP (Projet d’Accompagnement Personnalisé) ou un PPRE (Programme Personnalisé de Réussite Educative) sont insuffisantes voire inefficaces
  • Une évaluation a déjà été effectuée par un professionnel de santé comme un orthophoniste mais la prise en charge reste peu efficace.

Comment diagnostiquer une trouble de l’apprentissage ?

Commençons par comprendre comment marche le cerveau...

A chaque instant, notre cerveau effectue un ensemble complexe d’opérations ayant pour but de rassembler et traiter les informations qui lui parviennent. Pour cela, il utilise des outils appelés fonctions cognitives. Les fonctions cognitives peuvent se définir comme l’ensemble des activités cérébrales menant au savoir (la cognition). Elles incluent tous les types de mécanismes d’acquisition de l’information à savoir : le raisonnement, l’attention, la mémoire, le langage, la sensorimotricité, la planification, la cognition sociale, et bien d’autres encore.

C’est grâce à l’efficacité de l’ensemble de nos fonctions cognitives que nous pouvons être au monde et apprendre. Lorsqu’un enfant a du mal à apprendre ou être au monde, c’est que l’une ou plusieurs de ses fonctions cognitives sont défaillantes ou du moins qu’il a du mal à les utiliser.

La complexité du cerveau et de son fonctionnement oblige à explorer les différents domaines qui peuvent avoir une influence sur le rapport au monde et les apprentissages : les domaines cognitifs et psychoaffectifs.

Une évaluation complète du fonctionnement psychique

L’évaluation après 6 ans

A partir de l’âge de 6 ans, en cas de suspicion de difficulté ou trouble de l’apprentissage, l’enfant doit faire l’objet d’une évaluation psychologique et neuropsychologique complète. L’évaluation complète permet d’évaluer et de mettre en rapport son développement cognitif et son développement psychoaffectif.

* L’évaluation neuropsychologique examine le développement cognitif. Elle analyse l’ensemble des fonctions cognitives (cérébrales). Elle permet donc d’identifier l’existence ou non de dysfonctionnements d’une ou plusieurs des fonctions cérébrales, à l’origine des symptômes présentés par l’enfant :

  • Raisonnement : conceptuel, logique, cristallisé, fluide, etc.
  • Attention : sélective, soutenue, partagée, / visuelle, auditive, audioverbale
  • Exécution : planification, flexibilité, mémoire de travail, vitesse de traitement des informations, inhibition, etc.
  • Langage : langage oral expressif (expression) et réceptif (compréhension)
  • Mémoire : à court et long terme, en modalités visuelle ou verbale
  • Traitement visuospatial : perception et discrimination visuelle, exploration et analyse visuelles, traitement en 2 et 3 dimensions
  • Sensorimotricité : manuelle, oculaire, bucco-linguo-faciale
  • Cognition sociale : identification des émotions, reconnaissance des perspectives de l’autre
  • Apprentissages : langage écrit (lecture, transcription), Numération et calcul (comptage et dénombrement, système numérique, opérations et
    calculs arithmétiques)

* L’évaluation psychologique examine le développement psychoaffectif. Elle permet d’identifier les particularités de la personnalité de l’enfant. Elle permet donc d’identifier l’existence de troubles au travers de l’évaluation des éléments suivants :

  • Son comportement : niveau d’adaptation comportementale, sociale, etc.
  • Son état émotionnel : niveau d’anxiété ou de dépression
  • Ses problématiques psychiques particulières
  • L’organisation de sa personnalité : structuration de personnalité normale ou pathologique et risque de pathologie mentale
L’évaluation avant 6 ans

Avant 6 ans, en cas de suspicion de difficulté ou trouble de l’apprentissage, l’enfant peut faire l’objet d’une évaluation développementale. Il s’agit d’une évaluation du niveau de développement de l’enfant par rapport aux autres enfants du même âge dans les domaines suivants :

  • La motricité : fine et globale
  • Le langage : expression et compréhension
  • Les aptitudes intellectuelles
  • Les compétences en vie quotidienne
  • Les compétences sociales
  • L’autonomie

L’évaluation développementale permet d’identifier les domaines déficitaires, de poser des hypothèses diagnostiques, d’orienter et de commencer la prise en charge thérapeutique, et mettre en place des stratégies psychopédagogiques à l’école comme à la maison.

L’enfant de moins de 6 ans est dans une période phénoménale de développement neuronal et de construction psychoaffective. Les hypothèses diagnostiques posées par l’évaluation développementale seront confirmables vers 6 ans, lorsque l’ensemble des fonctions cérébrales ne seront plus en phase de développement majeur.

Comme les fonctions cérébrales sont en phase de développement, on ne peut pas attendre d’un enfant de 3 ans que ses fonctions attentionnelles soient complètement développées et qu’il fasse preuve de concentration. On ne pourra donc pas évaluer cette fonction cognitive. Certains fonctions cognitives ne sont pas évaluables avant 6 ans.

Ainsi un bilan psychologique et neuropsychologique complet, à l’âge de 6 ans, permettra de confirmer le diagnostic et dévaluer en profondeur l’ensemble des fonctions cognitives. En attendant, des interventions pourront être mises en place afin d’aider l’enfant à se développer au mieux.

Quand faire une évaluation ?

Avant 6 ans, dès lors que des difficultés de développement sont repérées ou dès 6 ans, dès lors que des difficultés d’apprentissage sont notées, une évaluation peut être envisagée. Souvent l’école alerte les parents au moment du CP, âge charnière de l’apprentissage. C’est un moment clé pour envisager une évaluation. Avant le CP, ce sont les parents qui souvent, repèrent chez leur enfant des difficultés de développement, signes d’alerte quant à des difficultés futures d’apprentissage.

Mais trop souvent encore, les parents entament une démarche d’évaluation après des années de questionnements et de difficultés scolaires, impactant largement la confiance en soi de l’enfant.

Plus tôt est l’évaluation, plus tôt sont la prise en charge thérapeutique et les aménagements scolaires psychopédagogiques, plus importante peut être la diminution des troubles pendant cette période importante de développement cérébral qu’est la petite enfance et l’enfance.

Quels sont les objectifs de l’évaluation ?

L’évaluation permet de répondre à plusieurs questionnements.

Qu’elles sont les difficultés réelles de mon enfant ?

L’examen permet préciser les troubles et de poser un diagnostic ou une hypothese diagnostique, permettant de :

  • Comprendre la nature des difficultés rencontrées par l’enfant : présente-t-il des dysfonctionnements cognitifs et/ou psychoaffectifs ?
  • Mesurer l’intensité des dysfonctionnements et des compétences
  • Estimer les conséquences des difficultés / troubles sur le fonctionnement et l’autonomie de l’enfant : les difficultés impactent-elles l’apprentissage, la relation à l’autre, sa gestion des émotions ? Si oui à quel point et de quelle manière ?
  • Estimer les ressources de l’enfant sur lesquelles s’appuyer pour l’aider à se développer
  • Définir si d’autres bilans sont nécessaires

Comment traiter ces difficultés ?

L’examen permet de poser les orientations nécessaires pour maximiser les apprentissages et le bien-être de l’enfant. L’objectif est de l’aider à s’épanouir sur les plans scolaire, relationnel et émotionnel. L’examen permet en effet :

  • Aux parents de mieux comprendre leur enfant, de respecter ses limites et de mieux l’accompagner
  • D’outiller les parents afin qu’ils puissent faire valoir les besoins de leur enfant et obtenir l’aide des services requis
  • D’élaborer une prise en charge thérapeutique efficace, adaptée aux difficultés de l’enfant :
    par exemple :
    - orthoptie en cas de déficit visuoperceptif et neurovisuel
    - orthophonie en cas de déficit du langage
    - psychomotricité ou ergothérapie pour des troubles sensorimoteurs ou du traitement visuospatial
    - psychologie pour les difficultés affectives
    - neuropsychologie pour les déficits du raisonnement, de l’attention, des fonctions exécutives, de la mémoire, de la cognition sociale
  • D’élaborer une prise en charge scolaire efficace, adaptée aux difficultés de votre enfant : aménagements pédagogiques spécifiques, projets d’accompagnement, partenariat avec l’enseignant... Par exemple, l’enfant doit-il bénéficier d’une présentation particulière des exercices en cours et à la maison, et si oui lesquelles ? d’un tiers-temps supplémentaire lors des examens ? d’un assistant de vie scolaire ? d’un ordinateur ?
  • De donner à l’enfant des mots pour donner du sens aux difficultés auxquelles il fait face. En comprenant mieux ce qui le fait souffrir votre enfant peut se sentir soulagé. Par exemple, il savait qu’il n’arrivait pas à apprendre ou apprenait différemment mais ne savait pas pourquoi et se sentait "nul". Il peut à présent mieux appréhender ses difficultés. Il s’agit d’un processus de compréhension, puis d’acceptation et enfin d’action. La dernière étape est en effet de l’aider à se sentir capable de dépasser de façon relative ses difficultés pour investir les prises en charge qui lui sont proposées. En effet, la motivation est un facteur primordial dans la réussite des prises en charge.